Retourner en arrière

Anthémoz

pour cor des alpes, cor et trio à cordes

„Deux sous pour un valaisan avec un cor des alpes“... Une petite facture mentionnée dans le carnet des dépenses du couvent de Saint Urbain en 1527 est le premier témoignage conservé de la rémunération d’un musicien de passage en Suisse. Bien avant, le moine Ekkehard IV de St. Gall décrit en 1030 l’un des instruments les plus anciens de l’humanité qui servait aux bergers de rassembler leurs troupeaux.

Le précurseur du cor des alpes que l’on fabriquait à partir d’un tronc d’un arbre creux qui avait poussé sur un terrain fortement incliné est la corne d’un verseau décrit dans la Bible (Moïse 1, chapitre 22) qui rappelait aux Israéliens par sa sonorité ample et chaleureuse que Abraham, à la place de sacrifier son fils Isaac, avait offert à Dieu cet animal après l’intervention du Seigneur qui lui a interdit de tuer son fils.

Les „trompettes de Jéricho“ qui ont permis de détruire les fortifications de la ville étaient, d’après l’Écriture, des trombones appelés „Shofar“, une autre variation du cor des alpes.

Les origines de cet instrument mythique fascinant sont donc très vieilles et confirment l’aspect spirituel qui se dégage de sa sonorité impressionnante permettant aux bergers solitaires de communiquer „en musique“ à des distances de plus de dix kilomètres.

Un corniste soufflant à Anthémoz, en face de Champéry, pourrait donc être perçu dans le village!

Le cor moderne, qui intervient dans la seconde partie de l’oeuvre permet une écriture virtuose qui se détache par sa souplesse et par sa possibilité de réaliser une gamme chromatique de la fixation du cor ancien sur quelques notes seulement (les harmoniques naturelles d’un seul son!) et complète ainsi la pièce contemporaine qui met en valeur les capacités du corniste „polyvalent“.

J-L. D.